Le Prix Nobel d’Économie de 2002 a surpris en étant décerné à Daniel Kahneman, un psychologue de renom. Cependant, ses contributions ont été si significatives qu’elles ont profondément modifié la théorie économique et financière.
Daniel Kahneman, psychologue de formation, a révolutionné notre compréhension de l’économie et des finances. Avec son collègue de recherche, Amos Tversky, il a souligné l’importance de la psychologie dans la théorie économique. Leurs recherches ont répertorié et validé une série d’erreurs et d’irrationalités commises par les investisseurs, connues sous le nom de biais et heuristiques. La connaissance de ces erreurs rend les investisseurs plus informés et permet de réduire les risques associés au processus d’investissement.

Il n’est pas exagéré de dire que Daniel Kahneman et Amos Tversky ont fondamentalement changé la façon dont l’économie et les finances comprennent le comportement humain. En conséquence, les prévisions et les modèles sur le comportement humain dans les environnements économiques et financiers ont dû être revus. Leurs contributions ont été profondes et durables.
Tous deux israéliens et psychologues, Kahneman et Tversky se sont rencontrés à l’Université hébraïque de Jérusalem, où ils enseignaient tous deux dans les années 1960. Selon le livre “The Undoing Project” de Michael Lewis, qui raconte l’histoire de ce partenariat et de cette amitié, leur connexion était instantanée et si intense que l’un complétait la phrase que l’autre commençait. Cette collaboration scientifique a été l’une des plus fructueuses et durables jamais enregistrées, survivant pendant des décennies même après le départ des deux pour les États-Unis.
La plus grande contribution de Kahneman et Tversky à l’économie et aux finances a été de remettre en question des décennies de suppositions des économistes et des financiers selon lesquelles les êtres humains agissaient de manière totalement rationnelle, comme le prévoyait la théorie économique standard. Ce paradigme marginalisait le rôle de la psyché humaine dans les décisions économiques et financières, reléguant la psychologie à un rôle secondaire dans la théorie financière.
L’idée dominante en économie était que, bien que les investisseurs commettent individuellement des erreurs dans leurs décisions financières, ces erreurs seraient annulées dans l’ensemble par les bons choix des autres, entraînant une tendance à la rationalité totale au niveau agrégé. Cependant, Kahneman et Tversky ont remis en question cette idée, arguant que le processus de raisonnement humain pouvait être divisé en deux systèmes principaux, qu’ils ont appelés système 1 et système 2.
Tous deux sont considérés comme les pionniers de l’économie comportementale, bien que cette désignation ne soit peut-être pas la plus précise. En réalité, les résultats obtenus avec l’aide de la psychologie sont plus liés à la psychologie cognitive qu’au behaviorisme, plus couramment associé à la psychologie comportementale. Cependant, c’est ainsi que le champ est devenu connu.
Kahneman a atteint une renommée mondiale en recevant le prix Nobel d’économie en 2002. Bien que Tversky n’ait pas partagé le prix avec son partenaire et ami, c’est parce que le prix Nobel n’est pas décerné à titre posthume. Cependant, tout le crédit est partagé avec le lauréat.
Le livre “Thinking, Fast and Slow”, écrit par Kahneman en 2011 pour le grand public, est rapidement devenu un best-seller. Il résume ses recherches avec Amos et les résultats surprenants qu’ils ont obtenus. Plus qu’un simple livre sur l’économie et les finances, il aborde un large éventail de sujets, y compris la prise de décision, la perception et les investissements, dans une discussion approfondie sur le fonctionnement de l’esprit humain et les précautions que nous devons prendre à cet égard.
Les systèmes 1 et 2, bien que simples dans leurs nomenclatures, jouent des rôles complexes et complémentaires dans nos processus mentaux. Le système 1, appelé “rapide” dans le titre du livre, est responsable des réactions instantanées à l’environnement, étant crucial pour la survie humaine. Il fonctionne presque automatiquement, exigeant peu de contrôle conscient et consommant relativement peu d’énergie. Ses réponses sont instinctives et façonnées par l’évolution biologique au fil des millénaires.
En revanche, le système 2, appelé “lent” dans le titre du livre, représente le raisonnement rationnel, logique et mathématique du cerveau. Contrairement au système 1, le système 2 doit être activé et consomme une quantité considérable d’énergie mentale. Lorsqu’il est utilisé pendant de longues périodes, il peut entraîner une fatigue, même sans activité physique apparente.
Par exemple, lors d’un long examen de mathématiques, nous pouvons nous sentir épuisés à la fin, même si nous sommes assis tout le temps. Cette sensation est le résultat de l’utilisation prolongée du système 2, qui demande une charge mentale élevée, aboutissant à une sensation similaire à un effort physique prolongé.
Les deux systèmes sont précieux et efficaces dans leurs fonctions respectives, et leur interaction est fondamentale pour notre fonctionnement cognitif.
Oui, nous échouons parfois dans l’interaction entre les systèmes 1 et 2, ce qui peut entraîner des décisions sous-optimales. Le système 1 a tendance à prendre le contrôle dans des situations où il serait plus approprié d’activer le système 2. Par exemple, lors de la vision d’un cours complexe ou d’un film avec une intrigue élaborée, nous pouvons nous déconnecter brièvement du contenu et perdre le fil de la pensée. À ce moment-là, le système 1 prend le contrôle et ne parvient pas à traiter des informations plus complexes.
Cela se produit parce que le système 2, étant plus lent et nécessitant plus d’énergie, est réticent à être activé. Cependant, il est seul capable de prendre des décisions financières