Bien qu’il y ait des signes positifs de stabilisation dans l’économie mondiale, le scénario n’est pas exempt de risques significatifs. La Banque mondiale a revu à la hausse ses prévisions de croissance économique mondiale pour 2024, prévoyant maintenant une croissance de 2,6 %, une augmentation par rapport à l’estimation précédente de 2,4 %. Cependant, trois principaux risques émergent comme des obstacles potentiels à cette trajectoire optimiste.
Premièrement, les tensions géopolitiques représentent une menace substantielle. Les conflits et les instabilités dans différentes régions du monde peuvent déclencher des perturbations économiques à l’échelle mondiale, affectant négativement les marchés et la confiance des investisseurs.

Deuxièmement, les conflits commerciaux entre grandes puissances ont le potentiel de générer des effets adverses significatifs. Les tarifs et les mesures protectionnistes peuvent déformer le commerce international, réduisant la croissance économique et augmentant l’incertitude sur les marchés financiers.
Enfin, le contexte macroéconomique mondial, y compris les politiques monétaires divergentes entre les principales économies, représente un troisième risque critique. Les fluctuations des taux d’intérêt et des politiques fiscales peuvent créer de la volatilité sur les marchés financiers et avoir un impact négatif sur la croissance économique mondiale.
Ainsi, bien qu’il existe des raisons d’être optimiste quant à la croissance économique mondiale, il est crucial de surveiller de près ces trois principaux risques qui pourraient compromettre cette trajectoire positive dans les années à venir.
“Il y a encore des signes de stabilisation, mais la croissance économique mondiale ne sera ni uniforme ni atteindra les rythmes d’avant la pandémie de Covid-19”, a averti Indermit Gill, économiste en chef de la Banque mondiale, dans un communiqué accompagnant le rapport.
“Gill a souligné que quatre ans après les secousses provoquées par la pandémie, des défis significatifs persistent comme les conflits, l’inflation et le resserrement monétaire. Bien qu’il y ait des signes de stabilisation économique mondiale, la croissance actuelle reste en dessous des niveaux d’avant 2020. Les perspectives sont particulièrement préoccupantes pour les économies les plus pauvres du monde.”
Ce scénario reflète une reprise inégale et un contexte mondial marqué par des incertitudes persistantes, soulignant la nécessité continue de vigilance et de réponse coordonnée pour promouvoir une croissance plus inclusive et résiliente.
Les prévisions de la Banque mondiale indiquent que l’inflation mondiale devrait ralentir à 3,5 % cette année et à 2,9 % d’ici 2025, un rythme plus modéré que prévu il y a six mois.
Pour la période 2025-2026, on s’attend à ce que les taux d’intérêt mondiaux atteignent en moyenne 4 %, environ le double de la moyenne observée au cours des deux décennies précédant la pandémie.
Récemment, la Banque centrale européenne et la Banque du Canada ont déjà réduit leurs taux d’intérêt, en réponse aux conditions économiques actuelles. En revanche, la Réserve fédérale (Fed) des États-Unis a choisi de maintenir ses taux inchangés pour la septième fois consécutive jusqu’à mercredi dernier (12).
Bien que la Fed ait réduit ses projections de réductions des taux pour cette année, passant de trois à un, le président Jerome Powell a souligné que toute décision future dépendrait d’une inflation plus proche de l’objectif de 2 %.
Ayhan Kose, économiste en chef adjoint de la Banque mondiale, a averti qu’un scénario de “taux plus élevés pendant plus longtemps” pourrait entraîner des conditions financières mondiales plus restrictives et une croissance considérablement plus faible dans les économies en développement.
Ces dynamiques soulignent la complexité et les défis auxquels sont confrontés les décideurs politiques monétaires dans un environnement économique mondial volatile et en transition.
La Banque mondiale a averti que les conflits géopolitiques, tels que le conflit entre la Russie et l’Ukraine et les affrontements entre Israël et le Hamas, représentent des risques significatifs pour la croissance mondiale. Ces événements ont le potentiel d’augmenter les prix du pétrole et les coûts de transport, malgré la récente baisse des prix des futurs internationaux du pétrole, fixés à 82,60 USD le baril mercredi.
De plus, les attaques contre les navires porte-conteneurs dans la mer Rouge, l’une des principales routes commerciales mondiales, ont augmenté les coûts et provoqué des retards dans le transport. Le rapport de la Banque mondiale souligne que l’escalade de ces conflits peut également affecter négativement le sentiment des entreprises et des consommateurs à l’échelle mondiale, accroissant l’aversion au risque et impactant la demande et la croissance économique.
Les risques politiques sont également évidents en raison des potentiels changements de leadership gouvernemental dans le monde cette année.
Des élections importantes ont déjà eu lieu ou sont prévues en Inde, au Mexique, aux États-Unis, en France, au Royaume-Uni et dans des dizaines d’autres pays. Ces transitions politiques peuvent influencer profondément les politiques économiques et les relations internationales.
De plus, les tensions commerciales s’intensifient déjà entre certains des principaux moteurs économiques mondiaux. Récemment, la Chine a exprimé une forte opposition aux nouvelles taxes américaines sur les importations de véhicules électriques et d’autres produits chinois, évaluées à 18 milliards USD. Ces barrières commerciales ont le potentiel d’affecter significativement la relation entre les deux superpuissances économiques, ainsi que le commerce mondial plus large.
À la suite de ces événements, mercredi, la Commission européenne a annoncé une augmentation des tarifs sur les véhicules électriques importés de Chine, provoquant une réaction négative de Pékin.
Le rapport de la Banque mondiale a souligné que l’augmentation de l’incertitude liée à la politique commerciale, ainsi que le potentiel de politiques plus protectionnistes, peuvent avoir des répercussions significatives sur les perspectives commerciales mondiales et sur l’activité économique mondiale. Ces tensions soulignent la nécessité d’une gestion prudente des relations commerciales internationales pour atténuer les impacts potentiels négatifs sur la croissance économique mondiale.
En plus des problèmes mentionnés, l’instabilité politique et commerciale peut également miner la confiance des investisseurs et des consommateurs, essentielle à une croissance durable. Les élections dans plusieurs pays importants cette année introduisent un élément supplémentaire d’incertitude, pouvant influencer les politiques économiques cruciales et les stratégies commerciales. L’augmentation des tarifs entre les grandes économies, comme observé entre la Chine et l’Union européenne, met en lumière la complexité et les défis rencontrés dans le maintien d’un environnement économique mondial stable et propice à la croissance.
Le rôle des banques centrales devient crucial en période d’incertitude économique et de tensions géopolitiques. Responsables de définir et de mettre en œuvre les politiques monétaires, les banques centrales jouent un rôle clé dans la stabilité financière et le contrôle de l’inflation. Dans un contexte de hausse des taux d’intérêt mondiaux, comme prévu par la Banque mondiale, les banques centrales sont confrontées au défi d’équilibrer la croissance économique avec la maîtrise de l’inflation.
La Réserve fédérale des États-Unis (Fed), par exemple, a récemment maintenu ses taux inchangés, malgré les pressions externes et les attentes du marché. L’approche prudente de la Fed reflète la complexité des décisions politiques dans un environnement économique global interconnecté, où les actions d’une banque centrale peuvent avoir des impacts significatifs sur les économies à travers le monde.